• QUESTION   12





    Parce que peut-être ce qui m’intéresse
    C’est plus l’écho des choses que les choses elles-même.

    Parce que peut-être ce qui m’intéresse
    C’est plus l’écho des mots que les mots eux-même.

    Parce que sans doute ce qui m’intéresse
    C’est plus l’écho des êtres que les gens eux-même.

    Parce que under your skin, c’est l’écho de ton visage qui me fascine.

    Parce qu’après être un zéro ou ne pas être,  il y a être un écho et disparaître.

    Parce que dans l’écho du silence, il y a le soleil sur ma joue.

    Je ferme les yeux et me laisse emporter
    Ici à ma place, de moi l’écho, mais pas seulement.
    La trace d’un avion à réaction dans le ciel

    … tous les garçons et les filles de mon âge se promènent-ils dans la rue deux par deux ?


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  • QUESTION   13





    Parce que je suis comme ce vieux mur de moellons en face.

    Parce que l’hiver déshabille.

    Parce que la vie s’insinue entre les pierres, dans les jointures.

    Parce que je suis, immobile et courant d’air, oiseau et insecte, traces de mousse.

    Parce que, silencieuse et bruissante, je suis ce vieux mur de moellons qui respire.
    Posée à même la terre et c’est déjà le ciel

    Parce que la mort me libèrera de mon propre regard
    Et de toutes mes pensées, parasites ou saprophytes, qui bourgeonnent ou s’enracinent.

    Parce que l’hiver, comme un miroir nu, augure.

    Parce que je suis déjà là dans cet alignement de trous noirs.
    Qui jadis ont contenu des poutres de bois et constitué un toit.

    Parce que l’avenir turbulent du monde m’indiffère.
    Je n’aime que les histoires et les fossiles vivants.

    … et toi,
    toi qui me crois morte,
    accepteras-tu un jour d’entendre et partager

    Que je n’ai jamais été aussi humblement vivante, et reconnaissante ?


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  • QUESTION   14





    Parce que je pourrais décider de passer ma journée dans la cuisine, face à la fenêtre,
    et rompre l’habitude,

    Parce que le soleil se lève à ma croisée, juste une heure après mon réveil, crevant les nuages,
    Il est midi. On pourrait y voir un message.

    Parce que le blanc s’allume, l’alchimie se produit, recouvrant d’or l’herbe rase, transmuant en
    perles d’argent, le gel, sur l’arbre unique, les roseaux, les feuilles mortes, les premières tuiles
    du mur d’en fa_ce

    Parce que j’ai failli écrire d’enfance. Parce que j’ai failli.

    Parce que sans cette infime distorsion d’espace-temps, j’aurais écrit : Je reste de diamant.
    Effet de style plus que de sentiment.

    Parce qu’ainsi j’ai perdu le bon-point qui m’aurait permis d’avoir cette image:
    dans un rai de lumière, sur un fil d’araignée incongru, un funambule invisible

    … me pardonneras-tu ?


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  • QUESTION   15





    Parce que je n’ai ni regret ni espoir.
    Parce qu’en 2002, les deux sont aussi flous.
    Parce que, que se passe-t-il quand on ajoute toutes les lumières et toutes les ombres.
    Parce que l’œil droit sur la lumière et l’œil gauche dans l’ombre, devient-on fou.
    A transhumer sur la crête de son nez.

    Parce que dans trop de richesses un rien m’égare.

    Exemple, exemple immédiat : Comme Maître Corbeau, tenant dans mon bec un bon mot, je vérifie une orthographe, et devant mes yeux, alors que je suis bien perché sur ma branche, mon mot se casse en deux. Il y a la direction où je voulais aller sans bien la comprendre:  l’humus, la terre où les bêtes transhument ; et l’autre:  l’hum-hum de l’humain qui hume, et trans: au-delà… pulvérisés mon je et tous les mots qui allaient suivre. Le sens…

    Parce que toujours mon fil se dédouble.
     
    Parce qu’à chaque mot, beaucoup de morts et quelques survivants.                                    
    Parce que, jusqu’au prochain accident, sur quels chemins s’éparpilleront-ils…                  
    Parce qu’il n’y a pas de chance, il n’y a que du hasard.                                                       
    Parce que tous les chemins ne mènent pas à Rome.                                                             
    Everybody knows

    … sans regret sans espoir, te souviens-tu de nous, l’humain en transe qui danse comme un animal ?


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  • QUESTION   16





    Parce que dans cette maison je me situerai toujours en face du mur d’en face.

    Parce que c’est mon lieu.
    Parce que je m’y déploie de moi  vers l’infini non-moi, juste au-delà du mur.

    Parce que dans cette perspective, il y a ma vie résumée en une seule image. La seule image.
    Où je sens mon passé, vois mon présent, pressens mes avenirs possibles. Le début et la fin.
    Un tableau possible. Ma métaphore, ma mise à nu, mon contenu.

    Parce que le mur est important : c’est la deuxième surface d’envol.
    Souvent je m’y arrête. Parfois je saute et je décolle.
    Mais la fenêtre, sans la fenêtre…

    Parce que dans cette maison il y a cette fenêtre si intime…

    Je ne veux plus penser, juste regarder à travers…
    Trop tard. A la limite de basculer, d’être aspirée, je couvre mes yeux de mes paupières. L’obscurité de force. Pour rompre l’hypnotisme, ne pas sombrer dans l’obscur effet miroir. Obscène. Glacial. Intolérable. Parce que… Parce que maintenant j’ai peur

    … me visiteras-tu comme ces oiseaux qui traversent le cadre de la fenêtre, ou n’entendrais-je que ton chant ?


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